Régime Paléo : Pièges d’une Interprétation trop Stricte

Une stricte interprétation du régime paléo est-elle indispensable ?

Attention aux pièges de l’extrême rigueur !
Non seulement est-il impossible de reproduire fidèlement le régime de nos ancêtres, mais c’est également tout à fait inutile ! Ce n’est en effet pas la première fois que certains auteurs de la blogosphère paléo expriment leur inquiétude quant à l’utilisation du terme « paléo » pour décrire ce concept pour la simple raison que nombreux sont ceux et celles qui pensent que  suivre un tel régime oblige à reproduire fidèlement le régime alimentaire de nos ancêtres.

Une telle interprétation aussi stricte peut conduire à des erreurs, à un dogme inutile ou à une attitude condescendante malsaine. J’en veux pour preuve le nombre de gens qui se demandent si tel ou tel aliment est « paléo », alors que la bonne question est plutôt de savoir si cet aliment est bon pour la santé en fonction du contexte et de la quantité consommée que s’il est « paléo ».

Voici quelques-unes des erreurs critiques commises en essayant d’imiter notre passé :

  • Éviter dogmatiquement tous les produits laitiers ;
  • Éviter les féculents et les légumes riches en amidon comme les pommes de terre ;
  • Éviter les viandes grasses ;
  • Manger de grandes quantités de noix ;

On peut défendre certains aliments normalement sains pour la plupart sachant toutefois qu’ils peuvent causer des problèmes dans certaines conditions spécifiques ; mais rejeter des aliments sous prétexte que nos ancêtres du paléolithique n’y avaient pas accès est une énorme erreur. Prenons le cas des pommes de terre : elles font partie de la famille des morelles et peuvent poser problème à certaines personnes souffrant de problèmes auto-immuns ou digestifs alors qu’elles sont parfaitement saines et nutritives pour d’autres.

Ceux qui comprennent vraiment la signification du concept savent que le régime paléo représente une approche alimentaire basée sur les habitudes alimentaires les plus probables des humains avant l’avènement de l’agriculture céréalière généralisée, ainsi que sur les preuves biochimiques de la façon dont nous réagissons à la nourriture. Cela signifie, bien entendu, que les aliments modernes ne sont pas automatiquement exclus, à condition qu’ils soient structurellement et chimiquement similaires aux aliments de notre passé évolutif.

Un autre exemple avec l’huile d’olive et le beurre : ce sont deux types aliments plutôt modernes qui sont similaires aux aliments auxquels notre corps est habitué. Le beurre, bien qu’étant considéré comme aliment « nouveau », est beaucoup plus sain que la graisse de volaille.

Il est impossible de reproduire parfaitement notre passé pour quatre raisons principales :

Nous ne saurons jamais avec certitude ce que l’homme des cavernes mangeait. Même si les preuves anthropologiques s’améliorent de plus en plus, nous ne saurons jamais avec certitude quel était le régime alimentaire typique de nos ancêtres sachant que les seules preuves restantes ne sont que des restes osseux provenant de quelques régions éparpillées sur la planète.

Variations temporelles et géographiques

Pour commencer, le régime alimentaire de nos ancêtres était très différent selon l’époque, la géographie et la saison. Certaines régions étaient propices à la consommation de poissons et de crustacés, d’autres étaient plus riches en plantes tropicales et en glucides amylacés, d’autres encore étaient pauvres en aliments végétaux riches en nutriments, mais riches en viande de gibier.
En ce sens, il est plus logique de considérer le régime paléo comme une idée générale du milieu alimentaire disponible pour les humains avant l’agriculture céréalière et les épidémies de maladies chroniques.

La nourriture n’est plus disponible

Même si nous savions sans l’ombre d’un doute ce que nos ancêtres mangeaient et que nous nous mettons d’accord sur les choix alimentaires d’une période et d’un lieu spécifiques, il y a de fortes chances que la plupart de ces aliments ne soient plus disponibles pour nous de toute façon. On imagine bien que le poulet et le bœuf ne faisaient pas forcément partie des choix alimentaires quotidiens de beaucoup de nos ancêtres même si volailles et ruminants du paléolithique n’étaient pas forcément si différents. De nombreux aliments végétaux de l’époque étaient certainement très différents de ceux que nous trouvons aujourd’hui dans les boutiques alimentaires.

Nos ancêtres n’avaient pas raison par défaut

Il est faux de penser que tout ce que faisaient nos ancêtres était bon pour leur santé. Même si l’on suppose que leur régime alimentaire était en grande partie bien plus sain que le nôtre puisque tout ce qui est céréales, légumineuses et huiles de graines n’étaient pas disponibles et qu’ils n’avaient pas non plus accès aux quantités élevées de fructose et sucres divers que nous ingurgitons quotidiennement, beaucoup d’entre eux sont tout de même morts ou sont tombés malades à cause de la famine, des carences en nutriments voire de la consommation de plantes toxiques.

Bien que connaissions avec certitude les habitudes alimentaires de certains groupes paléolithiques, nous n’avons aucun moyen de savoir si ces groupes ont été victimes de carences nutritives spécifiques ou de toxines qui seraient indétectables dans les restes osseux. En supposant même que nous soyons sûrs qu’ils étaient en bonne santé, comment pourrions-nous savoir si celle-ci était optimale ?

C’est la raison pour laquelle l’idée de certains journalistes sensationnalistes qui ont récemment affirmé qu’il n’y avait pas de preuves solides de la nécessité de supprimer les céréales en raison des preuves que nous avons trouvées de la consommation de céréales par certains de nos ancêtres est complètement bidon. C’est un piège dans lequel nous pouvons facilement tomber lorsque nous basons nos opinions uniquement sur l’observation.

Le carrefour entre la science et l’observation

Là où l’observation des habitudes alimentaires de nos ancêtres est utile, c’est dans la formulation d’hypothèses qui peuvent ensuite être étudiées de manière plus approfondie dans des environnements contrôlés afin de savoir réellement comment les aliments affectent notre biochimie et ce qu’il convient de manger pour optimiser la santé.

Ce consensus entre l’observation anthropologique et la science est le meilleur cadre pour faire des choix judicieux concernant ce qu’il faut manger et ce qu’il ne faut pas manger. Par exemple, avec un tel cadre, nous pouvons mieux choisir de limiter considérablement la consommation de miel, même si certains de nos ancêtres y avaient accès ou si certains groupes, comme les Hadza, l’appréciaient en plus grande quantité. Le fait que certains de nos ancêtres l’appréciaient ne rend pas le fructose meilleur pour notre foie.

La prochaine fois que vous vous demanderez si un aliment est bon ou mauvais pour la santé, tenez compte des toxines potentielles qu’il contient ainsi que de sa valeur nutritive. Un aliment sain n’est pas à la fois toxique et nutritif. Aujourd’hui, les principales toxines proviennent des huiles de graines (notamment raffinées), du fructose et de l’excès de sucre, des céréales.

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